Elle va mal, mais l’autre va bien. C’est un soulagement
cruel. C’est un peu comme si je te prenais ton pain, alors que nous mourions de
faim les deux. Je vais bien car tu vas mal. C’est ironique non ? Il n’y a que
quelques mois j’aurais été là pour toi, je t’aurai tenu la main, j’aurai traité
‘l’autre fille’ de salope, le gars de salaud. C’est drôle la vie, on ne sait
pas qu’est-ce qui nous attend au tournant du chemin. Peut-être demain, toi,
maman qui me tient la main quand je m’endors, qui me chante quand je suis
triste, peut-être toi tu ne seras plus ? Peut-être toi papa, qui me berce dans
ses bras quand j’ai peur du noir, qui me lis des histoires, des contes de fées,
peut être toi non plus ? Que ferai-je sans vous ? Et dire que c’est moi qui devrai
m’occuper des petits. Blonds, angéliques, innocents, collants, baveux. Un peu
idiots encore… Encore une fois, je m’invente
des problèmes, vous êtes encore là. J’anticipe le futur, atroce et angoissant. C’est
ce que vous m’avez dit de faire non?